Une grosse pluie d’orage a vidé la place Stanislas de ses visiteurs, mais voici que le soleil couchant qui perce entre les nuages fait étinceler les pavés mouillés et dore les façades sur fond de ciel plombé. Et l’animation ne tarde pas à revenir, par la périphérie comme il se doit (voir l’article « La vie vient par les bords« ). Les terrasses des cafés et des restaurants se remplissent en premier. La nuit vient, et la densité d’occupation de la place augmente : les bancs se remplissent, un groupe de personnes âgées s’installe au bord d’une des fontaines et regarde des enfants jouer, d’autres enfants évoluent à vélo, un groupe d’handicapés en fauteuil passe et marque un temps d’arrêt. Un attroupement se forme dans un angle autour de petites bougies : ce sont les « veilleurs » (vous vous rappelez : « Un papa, une maman », etc), qui prient pour l’abrogation de la loi infâme. Un contradicteur arrive, une engueulade commence, ça sent bon la France ! Pendant ce temps, une jeune personne vêtue de façon voyante et fort courte va et vient autour du centre de la place, et son curieux manège retient manifestement l’attention des messieurs, mais selon l’expression consacrée, « cela ne nous regarde pas ».
Malgré toute cette animation, c’est une impression de quiétude qui domine : outre les cris des derniers martinets de l’été, on entend surtout la rumeur des conversations – une ambiance bien rare dans nos villes envahies de voitures, qui rappelle certaines places italiennes. Pas de doute, la place Stanislas fait sûrement partie des meilleurs sociotopes de France, par sa capacité à attirer et rassembler des gens très divers pour des pratiques non moins diverses – à commencer par le plaisir de flâner ou de regarder passer les gens. Une surface dégagée et sans voitures, de belles façades, des fontaines, des cafés, des restaus et plein d’endroits pour s’asseoir, voilà quelques ingrédients du succès.
Date de l’article d’origine : 31 juillet 2013