L’excellent blog d’Olivier Razemon, « L’interconnexion n’est plus assurée », nous propose à la date du 23 avril 2016 un article d’un grand intérêt sur les « zones de rencontre », réglementées et aménagées de manière à permettre en principe une bonne cohabitation entre les différents usagers partageant un même espace de chaussée.
L’idée lumineuse de cet article est de comparer les dispositifs de signalisation de ces zones dans différents pays d’Europe, pour comprendre comment les pouvoirs publics les perçoivent et quelle image ils veulent leur donner. Un tableau établi par Hans Kremer présente, pour chacun des 16 pays étudiés, 11 éléments présents ou absents sur les panneaux (un enfant, des enfants, un adulte, des adultes, ballon, maison, arbre, voiture, vélo, mention « 20 km/h », mention « 10 » ou « 15 km/h »).
La France, comme l’Autriche, se singularise par le fait que le panneau ne fait apparaître ni enfant, ni ballon. Ainsi, la rue n’est pas présentée comme un possible espace de jeux ni comme un espace où l’on peut trouver des enfants. Par contre, les seuls pays faisant apparaître une limitation de vitesse à 20 km/h sont ces deux-là, plus la Suisse. Conclusion d’Olivier Razemon : « A Paris comme à Vienne, on continue donc, de facto, à considérer la rue comme un espace de circulation plutôt que comme un lieu de vie. La règle y prime sur l’usage. Sauf que dans la vraie vie, c’est l’usage qui prime sur la règle. Ainsi, la vue, au loin, d’un enfant qui joue, appelle plus volontiers le conducteur à modérer sa vitesse qu’un panneau indiquant 30 ou même 20 km/h ».
Un lecteur commentant cet article considère que dans nos zones de rencontre, la voiture est de fait prioritaire sur les autres modes, et qu’on a affaire à un « bluff communicatif ». On peut avoir une approche plus nuancée, car les situations sont diverses, mais il n’en reste pas moins que cette affaire de panneaux confirme que les enfants sont souvent oubliés des politiques d’aménagements urbains dans notre pays. C’est un thème dont nous reparlerons.
En haut : le panneau allemand et la rue correspondante. En bas : le panneau français.
Date de l’article d’origine : 24 avril 2016.