Un commentaire de la carte ci-contre :
1) Les lieux régulièrement fréquentés (en rouge et en orange), face au centre de Nevers (40.000 habitants), ne représentent qu’une proportion très faible du territoire étudié, et ils sont mal connectés entre eux. De plus, de vastes espaces potentiellement accessibles (en vert) ne sont pas fréquentés.
2) Le site le plus fréquenté est 1 (bancs de sable et plage naturelle), mais il ne se connecte pas au site 2, auquel on accède par un itinéraire différent. Entre 1 et 2, on trouve des fourrés de saules relativement sales, et dans lesquels il paraît que des messieurs en tenue d’Adam se livrent à des activités pas convenables. Il est clair qu’entre 1 et 2, la végétation épaisse et ces pratiques créent un « sentiment d’insécurité » qui dissuade les gens d’aller plus loin vers l’aval.
3) Le site 2 est isolé au pied d’un pont de voie ferrée, on y accède par une piste cahoteuse qui se termine parmi des détritus et au pied d’un frigo abandonné, jalonnant le domaine des Gens du voyage qui se trouve juste au-delà. Ce site 2, globalement assez sale et utilisé comme lieu de pique-nique et de grillades, est visiblement apprécié des ados qui y sont tranquilles à l’écart des familles, prédominantes sur le site 1. A l’ouest de 2, c’est terminé, il n’est plus possible de longer la Loire ; à 500 m du centre-ville on est déjà dans un territoire impraticable, qui a des airs de « zone de non-droit ».
4) Le site 3 est une zone portuaire à l’extrémité d’un canal. Utilisée pour le tourisme fluvial, elle est bordée par des terre-pleins servant plus ou moins de parkings et parsemés de vestiges de bâtiments ou d’activités anciennes (voir photo). La rive ouest présente un aspect rebutant, bien qu’un restaurant y ait aménagé une terrasse qui y apporte un peu d’animation. L’endroit a un potentiel formidable pour devenir un des lieux les plus attractifs de la ville, d’autant qu’il est au point de départ d’une belle voie verte, mais tout reste à faire pour le rendre accueillant (on pourrait tout de suite prendre des initiatives dans l’esprit « lighter / quicker / cheaper ») et le relier à la ville.
5) En amont de ce site le long de la Loire, on trouve d’abord un bout de route, puis un bout de chemin d’exploitation, puis une sente qui se perd progressivement, et des cyclo-touristes perplexes : ça va où, est-ce praticable, qu’est-ce qu’il y a à voir ? Il n’y a aucune information, aucun balisage le long du « Fleuve Royal ». Pour être franc, c’est honteux.
6) Dans le grand espace blanc au centre de la carte, il y a du bâti avec quelques centaines d’habitants, qui vivent tout près de la Loire mais n’ont pratiquement aucune autre possibilité d’y accéder qu’avec leur voiture, car il n’y a pas de chemins ; et ce territoire se révèle aussi très pauvre en espaces publics de jeux et de détente.
En conclusion, « il y a du potentiel », c’est sûr, mais aussi du travail pour connecter certains sites, en désenclaver d’autres, réhabiliter des espaces abandonnés… Si la carte des sociotopes n’apporte pas forcément grand-chose sur des usages que localement « tout le monde connaît », elle a l’intérêt de confronter les acteurs locaux à une dure réalité, celle d’un territoire fragmenté dans lequel la question des espaces ouverts, de leurs usages et de leur mise en valeur n’a pour le moment jamais été posée de façon globale et à l’échelle intercommunale.
Date de l’article d’origine : 13 septembre 2012.