Les éditions « Place des Victoires » ont publié en 2012 un livre intitulé « La ville aujourd’hui, nouvelles tendances en urbanisme », fort intéressant au demeurant même s’il est consacré à des aménagements paysagers et non pas à l’urbanisme, si l’on admet que l’urbanisme va quand même un peu au-delà de l’aménagement de places ou de jardins. Donc il y a un peu comme qui dirait tromperie sur la marchandise, mais ne chipotons pas car le livre est plein de belles photos et fait voir du pays.
Un des articles présente un aménagement d’espace vert on ne peut plus design à Helsinki, où deux allées en X au pied d’un immeuble de bureaux traversent un rectangle d’herbe. C’est l’œuvre du cabinet finlandais Hemgård Landscape Design, et le texte accompagnant les photos nous explique que « ce jardin public, où les passants peuvent se promener ou se détendre, est censé offrir une oasis au milieu d’un quartier dominé par des bureaux high-tech » (nous ne relèverons pas le « censé offrir »). Pour savoir ce que cela donne en vrai, rien de tel que d’aller y voir et de tester soi-même.
Or donc, par une belle matinée de juillet 2014, me voici devant le 5, rue de la Baltique (Itämerenkatu), et heureusement que le susdit ouvrage m’a amené là, car le quartier est tout sauf pittoresque, et j’aurais pu passer devant le jardin sans même remarquer sa présence. Comme sur les photos du livre, il y a effectivement des cheminements en croix avec des beaux matériaux, au milieu d’un grand espace de gazon, et l’ensemble va très bien avec la froideur impersonnelle du bâtiment au fond. Aucune trace de vie là-dedans, et personne non plus sur les rangées de bancs qui bordent un côté de la place avec vue sur une rue à voitures. Bref, un aménagement plutôt glacial, qui s’anime peut-être à la pause de midi ou lorsque les employés sortent des bureaux, mais qui illustre bien les propos répétés des gens de PPS (Project for Public Spaces) sur les aménagements paysagers « design » : souvent très jolis vus d’en haut, avec des bancs placés pour la déco, mais pas forcément très accueillants, ou alors sans l’avoir fait exprès.
Date de l’article d’origine : 6 janvier 2016.
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