Un atlas des « espaces publics ordinaires » à Bordeaux

L’agence d’urbanisme de Bordeaux Métropole a édité cette année un inventaire cartographique des « espaces publics ordinaires » de son territoire (accessible ici). Ce travail part du constat qu’à côté des espaces emblématiques, il existe des quantités d’espaces publics, notamment associés aux voies, qui pourraient rendre service à la population s’ils étaient rendus plus accueillants. L’inventaire doit permettre de repérer les lieux qui présentent le plus de possibilités à cet égard et d’identifier les actions à engager pour les améliorer (c’est ainsi que je crois pouvoir traduire en français usuel l’avant-propos qui parle de « décrire les leviers de valorisation des espaces publics ordinaires (…) et d’en identifier toutes les potentialités de requalification »).

Un des intérêts de ce travail réside dans la typologie très fouillée des espaces publics ainsi que dans l’analyse de leurs potentialités au regard de leur situation par rapport aux voies et aux réseaux de transports. En ce sens, un tel inventaire représente un premier pas vers des actions d’amélioration pensées de façon globale.

On regrettera cependant que cet inventaire s’inscrive dans une approche totalement descendante, si typique du génie français et de sa culture hiérarchique. En 136 pages, le mot « population » n’apparaît nulle part, le mot « habitants » apparaît une seule fois, tout comme celui de « riverains ». L’avant-propos est un remarquable exemple de formulation impersonnelle qui évacue d’emblée la question de savoir qui s’exprime, par exemple :« Il existe localement une exigence de réaménagement qualitatif des espaces publics », exigence dont on ne nous dira plus rien par la suite, ou encore « la démarche témoigne de cette envie de produire partout un espace de qualité », « envie » dont on ne saura pas de qui elle émane ni comment et où elle s’exprime. Il est bien question dans un coin de « développer un réseau proxy (sic) (mini-projets de quartier) » mais les précisions données sont « prise en compte du piéton à l’échelle locale » et « rayon d’1 km autour des centres de toutes les villes » et il n’est apparemment pas question d’associer les habitants à ces projets, encore moins de faciliter l’éclosion de projets émanant des habitants.

La volonté de planification des politiques en faveur des espaces publics est assurément intéressante si elle parvient à se concrétiser (il est question de « plan d’armature des espaces publics », de « plan régulateur des axes urbains », de « plan d’apaisement et de maillage des espaces publics », de « plan vert des espaces publics », d’ « espaces publics tramés et multipolaires »…). On regrettera en revanche le recours trop systématique aux facilités du jargon paysagiste : il est comme d’habitude question de « conforter », « aménager », « valoriser », « requalifier », « réenchanter » et autres baguettes magiques qui dénotent une bonne volonté encourageante, mais tout cela ne mange pas de pain et n’apporte pas tellement d’informations concrètes sur les actions à entreprendre. Mais pas d’inquiétude, les professionnels ont les solutions et sauront en temps voulu ce qu’il convient de faire.

Accès au document ici. Merci à Simon Georget (Intermezzo) pour l’information.

Date de l’article d’origine : 4 décembre 2015.

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