Le travail sur les sociotopes bat son plein dans la commune de Locmiquélic, où les sociologues Sylvie Douézy et Jean-Michel Boulet analysent les 200 questionnaires exploitables qui ont été récoltés pour le moment – par rapport à une population de 4000 habitants. Rappelons qu’en plus du questionnaire en ligne s’adressant à la population générale, il a été diffusé des questionnaires s’adressant plus spécifiquement aux enfants de primaire (CM), aux adolescents et jeunes adultes, et aux personnes âgées. Les résultats de ces travaux seront présentés ici lorsqu’ils seront définitifs et rendus publics, mais j’aimerais dès à présent signaler d’intéressantes observations effectuées sur l’utilisation des espaces extérieurs en fonction de l’âge.
- 1) Les enfants, les jeunes et les personnes âgées partagent le même besoin des espaces extérieurs pour enrichir leur vie quotidienne. Lorsqu’ils disposent d’un jardin privé, celui-ci ne répond pas aux besoins d’activité physique, d’interactions sociales ou de paysage.
- 2) Les enfants et les personnes âgées ont en commun des problèmes d’accès aux meilleurs espaces extérieurs : dès que ceux-ci sont un peu à l’écart du domicile se posent des problèmes d’éloignement, de complexité de parcours, de trottoirs inadaptés ou encombrés, de rues difficiles à traverser, etc.
- 3) Les enfants, les jeunes et les personnes âgées ont des pratiques communes dans les espaces extérieurs : se bouger, voir la mer et les bateaux, être au calme, rencontrer des amis et bavarder : voilà un ensemble de pratiques typiquement « trans-générationnelles » même s’il y a évidemment des variantes dans le détail, l’activité physique par exemple se traduit chez les uns par les jeux et chez les autres par la marche.
- 4) Les enfants, les jeunes et les personnes âgées ont des aspirations communes par rapport aux espaces extérieurs : pouvoir y accéder en sécurité, y pratiquer des activités diverses, trouver dans le même lieu des réponses à des attentes variées et à première vue contradictoires (être au calme / voir de l’animation, pouvoir s’isoler /rencontrer du monde, jouer / contempler…)
Ces premières observations, que nous pourrons bien entendu étayer par des chiffres, battent en brèche divers préjugés par rapport aux pratiques et attentes supposées inconciliables entre celles des vieux et des jeunes. En réalité, ces attentes sont souvent convergentes, tandis que les lieux qui fonctionnent le mieux (les plus appréciés, les plus utilisés) sont ceux qui parviennent à répondre en même temps aux besoins de toutes les tranches d’âge. A partir de là, on commence à voir se dégager quelques principes directeurs pour améliorer les valeurs de sociotopes des espaces existants et en créer de nouveaux.
Date de l’article d’origine : 1er décembre 2015.