Atteint comme tout le monde par la finkielkrautisation ambiante (« C’était mieux avant… »), je m’en vais verser une larmichette sur l’heureuse époque où l’écolier en galoches s’en revenait chez lui par les chemins creux, glanant châtaignes et noisettes et estourbissant au lance-pierre quelque malheureux piaf ayant la mauvaise idée de passer par là. En effet, Ouest-France de ce matin nous offre une brochette de témoignages du genre « Dans l’temps, je faisais 5 km à pied pour aller à l’école », et d’autre part, j’ai regardé de plus près les 44 questionnaires rapportés d’une école primaire de Locmiquélic (Morbihan), dans le cadre d’une étude sur les sociotopes de la commune.
Sans surprise, on y voit que l’écolier d’aujourd’hui se déplace plutôt dans la voiture des parents (68 %) et que les pauses en cours de route ne concernent qu’un quart des enfants, cinq d’entre eux aimant d’ailleurs faire une pause à la plage sur leur trajet. Tant pis pour l’imaginaire et la découverte du monde, encore que ce cher Finkie pourrait y trouver des raisons d’espérer, car au lieu de traînasser en chemin comme dans le temps, l’écolier se retrouve catapulté chez lui en quelques minutes, tout disponible pour se remettre à l’apprentissage des savoirs fondamentaux.
Ce rapide constat pose la question de la relation des enfants à leur environnement, avec la contraction de l’espace pratiqué, qui se ratatine en longueur comme en épaisseur (voir cette étude faite en Angleterre) pour se réduire à des trajets en voiture entre le domicile, l’école et un lieu d’activités extra-scolaires.
Dessin de Sempé (« Le petit Nicolas »). Date de l’article d’origine : 20 octobre 2015.