Un palmarès des dix meilleurs films en rapport avec les espaces publics a été établi par Project for Public Spaces (PPS). Et les gagnants sont :
- Ikiru (1962, Kurosawa) (également connu en France sous le titre Vivre) : un bureaucrate qui se sait condamné par la maladie va trouver un sens à sa vie en créant un parc pour les enfants d’un quartier (voir commentaire ici dans ce blog).
- Thieve’s Highway (Les bas-fonds de Frisco, Jules Dassin) : « A feud among corrupt produce dealers at the San Francisco market comes alive because of the location footage. A wonderfully pulpy film noir thoroughly grounded in a very specific place » (je veux bien que vous m’aidiez à traduire « because of the location footage »…)
- Mon oncle (1958, Jacques Tati) : Un oncle excentrique visite sa famille dans une banlieue ordonnée jusqu’à l’absurde. Habitué aux joies et à la texture de la vie urbaine, il est complètement incapable de s’adapter. Tati déclara un jour »Les lignes géométriques ne rendent pas les gens aimables ».
- Play Time (1967, Jacques Tati) : M. Hulot se fait piéger dans l’environnement rigide et moderniste du Paris des années 1960. Pratiquement pas de dialogue, c’est une affaire de gags visuels et sonores. « Vous devrez le voir quatre fois pour tout saisir ; et vous aurez envie de le voir quatre fois ».
- La Bête Humaine (1938, Jean Renoir) : Ils doivent adorer les trains chez PPS… je ne vois pas tellement d’autres motifs. Ils auraient mieux fait de mettre « Une partie de campagne » à la place (voir plus bas).
- Brazil (1985, Terry Gilliam) : merveilleux à voir pour son joyeux éreintage de la bureaucratie et des systèmes hiérarchiques, et pour son affection envers les zinzins dévoués et généreux.
- Hugo Cabret (2011, Martin Scorsese) : pour la reconstitution fascinante de la vie d’une grande gare.
- The Sandlot (Le gang des champions, 1993, David Evans) : Ce film parle d’un terrain de base-ball de quartier et relate une époque où un enfant pouvait y aller à pied depuis chez lui et y passer toute la journée, tous les jours, sans surveillance.
- It’s a Wonderful Life (La vie est belle, 1946, Franck Capra) : peut-être le plus beau chant d’amour américain à la « community wisdom » (comment traduire ça… la sagesse des gens qui habitent ensemble un quartier ?), sur fond de « walkable downtown » (comment traduire ça… un centre-ville où l’on a plaisir à marcher ?)
- High Noon (Le train sifflera trois fois, 1952, Fred Zinnemann). PPS nous dit qu’ « il y est question du sens du lieu : tout le drame du monde est contenu dans Main Street ». Hé hé, avouez que vous n’aviez jamais vu ce célébrissime western sous cet angle ! Une bonne raison de le redécouvrir, donc.
On pourrait suggérer à nos amis américains de s’intéresser aussi à des grands classiques bien de chez nous :
- Une partie de campagne, de Jean Renoir (quand les citadins découvrent que « le parfum des prés, c’est si important pour le sentiment », comme disait Gilbert Bécaud !)
- La Belle équipe, de Julien Duvivier, pour l’immortelle séquence dans laquelle Jean Gabin chante « Quand on s’promène au bord de l’eau » ; ça sent le gros-qui-tache, mais tout est dit sur les « fonctions sociales de la trame verte et bleue » !
Date de l’article d’origine : 7 janvier 2013. Photo du film « Ikiru ».