Il était temps que je m’y mette, car voilà cinq ans que j’explique comment s’y prendre avec cette méthode des sociotopes et je n’avais jamais conduit un atelier avec des habitants. Et voilà, c’est arrivé hier, dans le cadre du « club de l’Amitié » de la commune de Locmiquélic où nous attendait un groupe de treize personnes, dont douze dames, âgées de 62 à 97 ans.
Après une présentation d’un petit document expliquant aux participants ce qu’on attend d’eux et les entraînant à nommer des lieux sur des photos aériennes, nous formons trois tables pour le travail sur le plan de la commune et les questionnaires. Nous demandons à chaque personne de poser une gommette verte sur son espace extérieur favori, et de tracer l’itinéraire qu’elle suit pour s’y rendre. Des gommettes rouges sont prévues pour indiquer un éventuel lieu non apprécié ou évité, mais pas une seule ne va servir – c’est plutôt rassurant quant à l’image et à la qualité de vie dans cette commune littorale.
Pour les questionnaires, il est nécessaire d’aider des personnes ayant du mal à écrire, ce qui rend les deux encadrants moins disponibles pour animer les trois tables, expliquer certaines questions, approfondir certains points etc. Le formulaire apparaît encore un peu trop compliqué ou sur certains points mal adapté au territoire. Toutefois, des observations et propositions utiles remontent rapidement. Nous découvrons aussi les particularités des personnes âgées dans leur rapport à l’espace : besoin de calme et de repos, mais aussi de spectacle, d’animation, de rencontres et de paroles ; besoin également de cheminements confortables et sûrs, de bancs bien répartis et accueillants…
Derrière les réponses au questionnaire apparaissent des vies et des attentes très diverses, mais avec en commun la réduction du rayon de déplacement et de l’autonomie, la crainte de la solitude, la recherche – presque obsédante pour certaines – du contact humain dans l’espace public, et bien sûr l’amour du spectacle de la vie – les bateaux et les oiseaux sur la rade, les enfants qui jouent, l’odeur de la mer…
De cette heure et demie avec le club de l’Amitié, nous ramenons nous seulement des quantités d’observations et de propositions pour alimenter le projet urbain, mais aussi la conviction que cela vaut la peine de traiter les personnes âgées comme des citoyens qui ont des choses à dire sur le présent et l’avenir de leur commune, et pas seulement sur le passé.
On continue la semaine prochaine avec les résidents de l’ EHPAD, puis avec les enfants et les adolescents.
Date de l’article d’origine : 24 septembre 2015