Je ne sais pas où vous allez ramasser vos mûres et vos girolles, mais pour ce qui me concerne, c’est en général sur des terrains appartenant à des gens dont j’ignore l’identité et dont je ne tiens d’ailleurs pas forcément à faire la connaissance.
La cueillette est une des activités constituant des valeurs de sociotope. Elle se pratique non seulement dans les campagnes, mais aussi sur les franges urbaines où elle est véritablement très populaire. Ici, en Bretagne, la cueillette des mûres en août et le ramassage des châtaignes en automne amènent des quantités de gens à fréquenter des coins de nature « ordinaire », en général pas bien loin de chez eux, pour le plaisir d’une soirée-châtaignes en bonne compagnie autour d’une bouteille de cidre, ou pour la satisfaction de confectionner des confitures maison à bon compte.
Le fait que les activités de cueillette se déroulent en général sur le terrain d’autrui confirme une fois de plus un intérêt majeur de la méthode des sociotopes, qui est de ne pas s’occuper du statut foncier des espaces ouverts, et en particulier de ne pas se cantonner aux espaces publics. Il se passe des quantités de choses intéressantes sur les terrains privés, dans les limites de la tolérance dont bénéficient des usages locaux, voire dans le cadre de chapardages anecdotiques – vous savez, c’est ce qui donne aux cerises ou aux pommes dérobées un goût inimitable et inoubliable, que n’auront jamais celles achetées en grande surface.
Le trimestre des cueillettes, qui s’ouvre en ce moment, est donc l’occasion pour les amateurs de sociotopes d’effectuer beaucoup d’observations intéressantes, tout en faisant des provisions pour l’hiver.
Date de l ‘article d’origine : 29 juillet 2011
Sociotopes en France 