En 2009, la collection « Bouquins » a édité un gros pavé sur New-York (1350 pages), sous-titré « Histoire, promenades, anthologie & dictionnaire ». Pour les amateurs de sociotopes, on y trouve un passionnant article intitulé « Les parcs aux New-Yorkais », dans lequel il est beaucoup question de la conception et de la gestion des parcs sous leurs aspects politiques, sociaux et moraux ; et un très beau texte du poète Robert Kelly, intitulé « Brooklyn, la ville comme pèlerinage ». On lit notamment ceci :
« De chaque maison jaillissent des voies sacrées : les branches d’une étoile ; à moins que ce ne fussent les ailes d’un ange qui nous entraînaient vers ce dont nous avions besoin ou vers les lieux qui avaient besoin de nous. (…) Chacun possède sa propre étoile dont les branches partent de l’appartement, au centre, et se déploient en direction de la ville. Je ne vous parlerai que de quatre des branches de mon étoile, qui pourtant en comptait bien d’autres ; certaines me guident encore à travers l’espace et le temps, car aujourd’hui encore, un demi-siècle plus tard, je continue de vivre au bout de la branche d’étoile qui n’a cessé de hanter mon enfance – le petit poteau de bois planté près du Washington Bridge et qui indiquait : Nouvelle-Angleterre et Nord ».
Pourquoi citer ce texte ici ? Cette image de l’étoile que nous créons autour de chez nous, par nos déplacements quotidiens, me paraît très belle et pourrait servir d’introduction pour évoquer ultérieurement la notion, un peu plus aride, de « syntaxe spatiale » comme outil d’analyse urbaine. L’étoile est aussi une figure qui peut apparaître lors de la construction de cartes mentales, lorsqu’on demande à des habitants de dessiner la représentation de leur quartier et de l’usage qu’ils en ont.
Date de l’article d’origine : 16 janvier 2012. Image : Insee.
Sociotopes en France 