Voici une de mes impressions les plus marquantes de notre troisième voyage sur les sociotopes et les trames vertes urbaines.
Il pleut copieusement sur Stockholm ce 21 septembre, et a priori ce n’est vraiment pas le jour pour partir observer les usages des parcs publics, car il n’y a pas grand-monde dehors. Pourtant, des cris et des rires émanent d’un coin du grand parc de Kungsholmen. Là, sous la pluie, s’ébat un groupe d’enfants d’âge pré-scolaire, dans une aire de jeux spécialement aménagée mais qui a gardé un caractère très naturel. Tout ce petit monde, en bottes et en ciré, joue dans l’herbe mouillée et barbote joyeusement dans la boue. Une petite fille prend un grand plaisir à sauter à pieds joints dans une flaque d’eau et à asperger le voisinage ; les surveillants n’interviennent pas pour lui demander d’arrêter et lui dire qu’elle va se salir, mouiller les autres etc. Ce soir, de retour à la maison, il suffira de passer tout ça sous le jet (les cirés, les bottes et les mômes à l’intérieur) pour que l’ensemble redevienne propre et prêt à repartir le lendemain matin.
Choc des cultures : en voyant la petite fille dans sa flaque d’eau, je repense à cette sinistre cour d’école vue et photographiée quelques semaines plus tôt (voir Cours d’écoles) et à notre répulsion pour les éléments naturels (la pluie, la boue, les mauvaises herbes…) qui nous pousse parfois à produire des aménagements « propres », mais si pauvres et si déprimants, en particulier pour les enfants. En attendant que ça change, on peut au moins se consoler en visitant ce site (français !) tout entier consacré à la célébration de la flaque d’eau : http://www.pluct.fr/flaque_biblio.htm .
Photo : auteur inconnu. Date de l’article d’origine : 16 octobre 2011.