Quand le blaireau est dans son terrier, il a laissé suffisamment de traces à l’extérieur pour que le naturaliste entraîné puisse se rendre compte de sa présence dans un site. De même, quand l’ado est devant son ordi, il y a des chances pour qu’il ait laissé des traces de son passage dans les espaces extérieurs, offrant ainsi d’utiles indices à l’observateur des sociotopes (n’allez cependant pas croire que je veuille stigmatiser ces pauvres ados : il y a des quantités de gens de tous âges capables de marquer leur territoire !).
Enveloppes de bonbons, bâtons de sucettes, couverts de fast-food, mégots, canettes de bière, traces de pneus, restes de feux, débris de chariot de supermarché transformés en gril, pétards explosés, vieux casiers à bouteilles et j’en passe : voilà autant d’indices éloquents dont le Sherlock Holmes des sociotopes fera son miel. De même, tous sens en éveil et la narine frémissante, méprisant le sentier balisé qui lui est un sujet trop facile, il recherchera la sente à peine marquée à travers une prairie, le talus érodé par des passages répétés, le passage discret au milieu des fourrés conduisant à une cabane d’enfants, la planche posée à travers un fossé, etc.
Reste à savoir que faire de telles observations, qui sont parfois très riches dans les espaces péri-urbains. Le Manuel des Sociotopes n’en parle pas (volontairement ? par omission ?), mais cela n’interdit pas de s’en servir, d’autant que beaucoup de ces indices se rapportent à des activités que l’observateur a peu de chances d’observer aux heures de bureau. Le jour où la méthode des sociotopes sera éditée en version française, peut-être serait-il bien d’accorder à ce sujet l’importance qu’il me semble mériter.
Photo : restes de barbecues, constructions primitives en galets de plage, début-21è siècle. L’observation du charbon de bois permet de les dater de juillet 2011 environ.
Date de l’article d’origine : 2 août 2011