Voilà un sujet plus complexe qu’il n’y paraît. En effet, la notion de proximité ne se définit pas uniquement par des critères de distance, elle comporte également une dimension subjective qui intègre des notions de mode de déplacement, de temps de parcours et de commodité d’accès. Elle peut aussi être appréciée différemment selon le contexte géographique. Comme me le disait candidement un urbaniste de Brest, « ici il n’y a pas de problème d’accès à la nature, les gens ont tous leur voiture, et en 20 minutes ils sont à la forêt domaniale la plus proche ». Sachant que cette forêt est à 30 km de la ville, cette notion de proximité apparaît quelque peu élastique….
A partir du moment où la facilité d’usage de la voiture dilate la proximité perçue, et permet de trouver loin de chez soi des espaces d’une qualité inaccessible en ville, quel intérêt aurait-il à disposer d’espaces publics géographiquement proches – à l’échelle du quartier par exemple ? J’ai entendu cette question plus ou moins explicitement posée par des élus de communes moyennes, tellement persuadés que « chez nous, les gens ont la mer (ou la forêt, ou le lac) à moins d’un quart d’heure » que l’idée de créer un parc public près du bourg leur paraît saugrenue. On peut aisément répondre que tout le monde n’a pas de voiture, que même les propriétaires d’une voiture n’ont pas forcément envie d’utiliser systématiquement celle-ci pour aller s’aérer, que les enfants, les jeunes et les personnes âgées (cela fait du monde) ont des besoins et des contraintes spécifiques auxquels seuls des espaces de grande proximité peuvent répondre, etc. En s’adressant à l’ensemble de la population par le biais du travail d’enquête, la méthode des sociotopes aide à mieux apprécier ce que signifie réellement cette notion de proximité dans la vie quotidienne.
Date de l’article d’origine : 8 juin 2011. Photo : le parc de Passy à Paris.
Sociotopes en France 