Qu’est-ce qui favorise l’accès aux espaces verts : 1. La taille

Pour Alexander Ståhle, les quatre principaux critères favorisant l’accès aux espaces verts et plus largement aux espaces ouverts sont la taille, la qualité, la proximité et la facilité d’orientation.

Le critère de la taille recouvre à mon sens deux types distincts de considérations :

– d’une part, les aspects quantitatifs de l’offre d’espaces verts (par exemple le nombre de mètres carrés par habitant d’une commune, d’une ville ou d’un quartier). Ce sujet a déjà été abordé dans ce blog, par exemple sur la question de savoir s’il faut définir des normes en la matière, ou encore sur la difficulté de s’entendre sur des modalités de chiffrage incontestables. Il apparaît par exemple que le critère de 10 m² d’espaces verts publics par personne peut constituer une norme intéressante, sous réserve de définir à quelle distance des habitations ces espaces peuvent être situés.

– d’autre part, l’adéquation de l’offre d’espaces verts par rapport à des besoins de la population (par exemple, la configuration et la taille des espaces offerts dans un quartier se prêtent-elles à certaines activités sportives ou aux besoins des adolescents ?). Ce sujet est difficile parce qu’il n’existe apparemment pas de lien direct entre la taille d’un espace et le succès qu’il rencontre auprès des habitants. De petits espaces peuvent être bondés (je garde par exemple le souvenir du jardin Catherine Labouré, Paris 7è, une après-midi de 1er mai, photo ci-dessus), tandis que de grands espaces verts proches de la ville sont quasi vides (j’ai plusieurs exemples en tête à Tremblay-en-France ou à Caen).

En pratique, la taille d’un espace vert doit être considérée conjointement avec les activités qui y sont offertes et les valeurs que les gens y trouvent. Il peut y avoir beaucoup de valeurs et d’usages dans un square parisien, et peu dans une « ceinture verte » péri-urbaine, d’autant qu’un faible niveau de fréquentation peut entretenir une impression d’insécurité.

Il n’en reste pas moins que lorsque je constate, comme vous sans doute, le faible niveau d’utilisation des espaces publics dans les lotissements pavillonnaires autour de chez moi, je suis amené à conclure que la faible superficie de ces espaces (et peut-être plus encore leur manque d’épaisseur) décourage leur utilisation ; non seulement parce que les activités possibles y sont des plus restreintes, mais aussi parce que la très grande proximité des habitations contraint les usagers potentiels, notamment les jeunes, tentés d’aller chercher plus loin des espaces de plus grande liberté. On retrouve ici l’aspect territorial de la question, étudié par Eva Minoura (voir ici dans ce blog).

Quel est l’intérêt d’évoquer ce sujet ? C’est par exemple que lorsqu’on institue des règles en matière d’espace vert dans un SCOT ou PLU (autre sujet précédemment évoqué), il vaut mieux éviter les dispositions autorisant un fractionnement des espaces verts en « timbres-poste » et privilégier plutôt le regroupement de ces espaces en véritables parcs, pour autant que la proximité et la commodité d’accès soient assurées. Quant à l’idée de travailler la diversité des fonctions sur de très petites surfaces, elle se heurte sans doute à des minima incompressibles et au fait que cela nécessite des moyens de gestion relativement lourds (cf les jardins publics parisiens), hors d’atteinte de beaucoup de communes… à moins que les habitants mettent la main à la pâte.

Date de l’article d’origine : 6 juin 2011

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