Date de l’article d’origine : 29 janvier 2015
Un article du quotidien suédois Dagens Nyheter (10 octobre 2010) annonçait que désormais, aucun habitant de Stockholm ne devra être à plus de 300 m d’un espace vert, et qu’en conséquence les services de l’urbanisme ont entrepris de créer des parcs et jardins dans les quartiers qui n’en sont pas suffisamment dotés. Cette politique est une des traductions concrètes du travail exhaustif sur les sociotopes réalisé il y a quelques années.
Cet exemple pose la question de savoir s’il est utile d’instituer dans les documents d’urbanisme des normes de ce genre, afin de remédier aux inégalités dans l’accès aux espaces verts de proximité. Les SCoT, par exemple, pourraient contenir sur ce sujet des objectifs concrets, chiffrés. On peut considérer que cela en vaut la peine, d’autant qu’il existe déjà des préconisations chiffrées : l’OMS recommande au moins 12 m² par habitant à moins de 300 m du domicile, et une circulaire du 8 février 1973 demande 10 m² en zone centrale et 25 m² en péri-urbain (source : « La desserte en espaces verts » par C. Legenne, IAU, à lire à la rubrique « ressources »).
Soit on intègre ces normes dans les documents d’urbanisme, ce qui suppose tout un travail de recensement, d’analyse de la situation actuelle et de planification d’un programme d’actions avec des objectifs atteignables ; soit on rejette par principe l’institution de normes contraignantes, auquel cas il ne se passera pas grand-chose et on risque de voir perdurer les inégalités. Cette deuxième solution (?) est visiblement préférée par beaucoup d’élus, à en juger par ce que j’ai pu entendre dans le cadre d’élaborations de SCoT. Il est cependant piquant de constater que dans tel territoire de SCoT où les élus ne souhaitent pas définir d’objectifs quantifiés en la matière (« De la souplesse, de la souplesse ! »), la ville-centre fait sa communication sur le thème de la « ville verte », où chaque habitant est censé disposer d’une offre abondante (et chiffrée !) d’espaces verts à portée de main.
Rappelons pour finir que l’évaluation environnementale à laquelle sont soumis les documents d’urbanisme, et notamment les SCoT, peut difficilement être menée à bien si ces documents ne s’engagent pas sur des objectifs précis, dont le respect pourra faire l’objet d’un suivi au fil du temps. Il est symptomatique d’observer que si le logement est actuellement considéré comme un thème suffisamment sérieux pour faire l’objet d’engagements chiffrés, l’offre de parcs, jardins et espaces verts en général reste un sujet expédié en quelques phrases générales et laissé au bon vouloir de chaque commune et des règlements des PLU, avec des résultats souvent bien médiocres.
Illustration : JP Ferrand pour la FNCCR, 2019.