Date de l’article d’origine : 28 septembre 2014
Le gaspillage d’espace, loin de résulter de « ratés » de la planification urbaine, peut être consciencieusement planifié. La photo aérienne ci-contre, prise il y a un mois dans une commune rurale de Seine-Maritime, montre qu’une façon très efficace de produire des espaces inutilisables est de les diviser en triangles. Ici, l’architecte de la salle de sports dont la construction est en voie d’achèvement aurait pu implanter celle-ci en respectant l’orientation générale du parcellaire, des voies et des bâtiments alentours, ce qui aurait pu permettre de créer un espace vert ou un terrain de jeux à côté du bâtiment.
Mais non. Alors qu’aucune contrainte technique ou topographique ne l’imposait, il a choisi d’implanter sa construction en biais, sans doute parce quand on « pose un geste architectural », ça fait bien de « venir en rupture » avec l’environnement. Mais peu importent les motifs, le résultat est que tout l’espace périphérique est fragmenté en triangles très difficilement utilisables par le public ou pour quoi que ce soit d’autre qu’un engazonnement qui se contente d’occuper l’espace – quand bien même le document de présentation indique que « les genres botaniques » seront choisis « en fonction des saisons et des couleurs liées à l’activité sportive », que l’angle ouvert de l’accès principal « marque une volonté de générosité et d’accueil » et que les essences basses plantées en bordure de l’accès piétons sont destinées à « l’appropriation des ambiances plantées par les usagers ».
Photo : Marc Didier.