Jusqu’à l’âge de 17 ans, j’ai vécu dans le centre-ville de Lorient. Dans les années 1960, nous habitions un appartement sur le quai des Indes, dans un îlot qui venait d’être reconstruit. Le cœur de l’îlot était un terrain vague à la topographie chaotique, où les décombres des bombardements avaient été repoussés en attendant une hypothétique évacuation. Des fourrés de buddléias avaient pris possession des lieux et tous les enfants du quartier jouaient dans ce terrain d’aventures qui s’offrait à eux au pied des maisons. Je me souviens de l’odeur des buddléias, de nos chasses aux papillons attirés par ces buissons : piérides, citrons, petites tortues, vanesses, vulcains et paons de jour…, de nos tentatives d’élevage de chenilles en bocal… Allez savoir comment naissent les vocations de naturalistes ?
Vers 1968, nous nous sommes installés à 300 mètres de là, dans un grand immeuble de 14 étages qui venait d’être construit. Au pied de cet immeuble se trouvait un square, certes plus civilisé que le terrain vague du quai des Indes, mais qui avait une qualité extraordinaire : outre un terrain pour les jeux de ballon, on y trouvait un grand bassin, soigneusement entretenu par la ville, dans lequel on pouvait faire naviguer des bateaux. Le mien avait belle allure, avec sa coque vert amande, et j’ai passé là bien des après-midi à le faire naviguer, en tentant d’aborder les bateaux des copains et de parer leurs attaques. Nous étions alors des « grands », et les « petits » jouaient quant à eux dans la cage à écureuil ou le bac à sable.
Que sont devenus ces espaces verts ?
Je vous donnerai la réponse la prochaine fois que j’irai à Lorient, muni de mon appareil photo.
Date de l’article d’origine : 16 février 2011